Nippon, pon, pon 4
HottoMotto
Lorsque l’on voyage à vélo, seul, et dans un pays où l’on ne risque pas de faire des rencontres inoubliables à chaque coin de rue du fait que les autochtones parlent une langue très, très éloignée de la vôtre, on regarde beaucoup et on pense beaucoup. Et on fait parfois des rapprochements complètement tirés par les cheveux (une expression que je chéris tout particulièrement…) mais qui s’impose comme une évidence à mesure que l’on tourne les pédales. Prenez par exemple les cimetières japonais: ici, chaque village à son cimetière, en général au milieu du hameau ou le surplombant légèrement, souvent dans le champs attenant à l’habitation, dans une promiscuité avec les vivants qui ne laisse pas d’étonner. Prenez ensuite les toilettes, ou, plus précisément, entrons dedans pour examiner la cuvette des wc (là, Hungry Pipelette devient verte et se dit: il m’aura tout fait…). Et bien si c’est une cuvette de wc japonaise que vous avez sous les yeux (pas celles dont tout le monde parle avec la lunette chauffante, le petit jet réglable pour vous nettoyer le fondement et les enregistrements de vagues rugissantes masquant vos propres bruits de défécation), et si c’est la première fois que vous avez à faire à l’engin, vous allez certainement l’utiliser à l’envers au risque de vous casser la gueule. Car si cela ressemble à des toilettes à la turque, la cuvette est néanmoins de forme allongée et équipée d’une sorte de replat afin que vous puissiez déposer votre offrande sur la blanche céramique, la tête en gros à hauteur du trou. Ainsi, avant de tirer la chasse, vous aurez tout loisir d’examiner le fruit de vos entrailles et d’en tirer de passionnants enseignements sur l’état de votre système digestif (très important en voyage surtout si on est sur une selle 5 à 6 heures par jour…, j’ai pas dit a la selle….). Mais me direz-vous quel rapport avec les cimetières susmentionnés? Et bien simplement que les Japonais, contrairement aux occidentaux, ne craignent pas la mort de la chair. Que ce soit la leur ou celle qu’ils ingèrent. Ou autrement dit: mourir, c’est la merde, mais pourquoi cacher cela?